« Venez à l’écart, dans un lieu désert, et reposez-vous un peu.» (Mc 6, 32)

Le Carême doit être pour moi un temps de plus grande solitude et de pénitence. J’étudierai aujourd’hui la nécessité de la solitude.

La solitude m’est nécessaire :

  • Pour examiner ce que je dois fuir ;
  • Pour méditer sur les moyens de me rapprocher de Dieu.

I. Examen de ce que je dois fuir

Tout ce qui m’éloigne de Dieu, et je trouve :

1, Mes idées habituelles

Que sont-elles ? Un composé de riens, de futilités. Je pense à tout, excepté à Dieu. Je me fais des horizons agréables, je m’y perds, l’y erre en quelque sorte au milieu des nuages. Supposé que ces idées ne soient pas mauvaises, elles sont tout au moins inutiles à mon éternité, et elles me sont nuisibles, puisqu’elles m’écartent de Dieu.

« Jérusalem, Jérusalem, convertis-toi au Seigneur ton Dieu. » (Exhortation par laquelle l’Eglise termine les lamentations de Jérémie pendant les trois derniers jours de la Semaine Sainte.)

2, Ma légèreté

Combien de fois ai-je passé dix minutes à penser constamment à une idée du ciel ? Ah ! si j’ai été vexé, humilié, contrarié, ma pensée est devenue fixe. Si la passion m’a entraîné, je sais encore mettre quelque chose d’immuable dans mon esprit. Mais habituellement, où en suis-je ? La plume qui vole, la feuille qui tombe, la fumée qui se dissipe, tout cela n’est pas plus volage, fluide que ma pensée. Il faut que je la rende plus ferme, et pour cela que je rentre dans la solitude où Dieu, plus près de moi, me parlera et me forcera à l’écouter.

3, Mes affaires

Je devrais n’en avoir pas de plus grande que celle de mon éternité. Hélas ! il n’en est pas ainsi. J’ai mille préoccupations, mille soins qui m’absorbent et m’empêchent de profiter de l’invitation de saint Paul : «Occupez-vous de votre affaire.»( 1Th4,11). Seigneur, je veux m’occuper de ma grande affaire, et pour cela rentrer, autant qu’il dépendra de moi, dans une vraie solitude.

II. Moyens de me rapprocher de Dieu :

Ces moyens sont :

1, L’étude de Dieu

Quoi de plus beau ! Mon intelligence, dans son infirmité, ne peut le contempler et le saisir d’un regard simple, comme les anges, mais je puis l’étudier et, dans la méditation, apprendre chaque jour quelque chose de ses perfections. Oh ! Seigneur, quand vous connaîtrai-je ici-bas autant que j’en suis capable ? Ce sera quand, dans la solitude, séparé de tout et de moi-même, je ne chercherai que vous.

2, La méditation des droits de Dieu

Oh ! Seigneur, je frémis. Qu’êtes-vous pour mol, que suis-je pour vous ? Vous, Seigneur, vous m’êtes tout : « Mon Dieu et mon tout » (Imit. de J.-C., 1. III, ch XXXIV, n° I.) Moi je ne suis rien : « Mon être est comme un néant devant vous? » (Ps18,6) Vous avez sur moi tous les droits de la puissance, de la sagesse et de l’amour infinis. Quand les reconnaîtrai-je ces droits ? Quand agirai-je conformément à tout ce qu’ils exigent de mon néant, de mon péché, de mes ingratitudes, de mes révoltes ?

3, L’effort pour entrer dans la vie surnaturelle :

L’homme animal ne comprend pas. Que d’hommes en sont là ! N’y suis-je pas moi-même ? J’ai besoin de la grâce, sans doute, mais aussi de tout l’effort de ma volonté pour m’élever vers Dieu. Cela est dur à l’âme dissipée, mais si elle le veut, elle le peut. La grâce lui est accordée: « Voici maintenant le temps favorable » (2Co 6,2) Rien de plus aisé si je profite généreusement de la solitude de ces saints jours.

Seigneur, je ferai effort et j’arriverai par votre grâce à vivre avec vous.

4, Rapports intimes avec Dieu

Ce sera le couronnement. Je vivrai en vous, Seigneur, et je n’aurai besoin de rien. Vous serez mon Bien-Aimé par excellence, je n’en voudrai pas d’autres. Chastes délices de l’âme unie à son Dieu, vous coulerez en moi, et alors je comprendrai ce qu’est la solitude où Dieu parle au cœur de sa créature, à qui il communique son inénarrable amitié!

(Cf. Les cahiers d’Alzon, tome IX, Une cure de Carême, p11-15)

Texte proposé par Sr Thuc Doan

Photo : Brigitte Naeye, Cathédrale Notre Dame de la Treille, Lille, 2023

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