Nous entrons aujourd’hui dans le temps du Carême que chaque année nous fait revivre. Nous voudrions proposer à l’occasion de ce Carême, enrichi par la grâce de l’année jubilaire, quelques réflexions sur le thème : Marchons ensemble dans l’espérance (Pape François)

Mercredi des Cendres

Augustin commente : Ne comptez pas sur les puissants (Ps 145, 3)

Que faire alors, s’il ne faut mettre son espérance ni sur les hommes, ni sur les puissants? Sur qui compter ? Heureux qui s’appuie sur le Dieu de Jacob (V. 5). Ni tel ou tel homme, ni tel ou tel Ange, mais le Dieu de Jacob. Ce Dieu a si bien aide Jacob qu’il a fait de lui Israël (Gn 32,28). Un appui, un soutien extraordinaire, puisque le nom Israël signifie : « Qui voit Dieu ». Toi donc, qui es voyageur ici-bas, incapable encore de voir Dieu, si le Dieu de Jacob vient à ton aide, toi aussi, de Jacob, tu deviendras Israël, toi aussi, tu seras « celui qui voit Dieu ». Fatigues et gémissements prendront fin, les soucis qui nous rongent passeront, faisant place au bonheur de louer Dieu.

Heureux qui s’appuie sur le Dieu de Jacob, le Dieu de ce Jacob. Pourquoi est-il heureux ? Parce que, soupirant encore au milieu des soucis de cette vie, il espère le Seigneur son Dieu. Il est heureux, parce qu’il tend son espérance vers Dieu. Celui en qui il met son espérance deviendra un jour son bien. Ecoutez ce que dit un autre psaume : Seigneur, mon héritage et ma part à la coupe, c’est toi qui portes mon destin (Ps 15,6).

Mon héritage: tu seras à moi et je serai à toi. Frères et sœurs, vous serez à Dieu et Dieu sera à vous. Vous serez sa possession pour qu’il vous cultive; il sera votre possession, l’objet de votre culte. Vous lui rendez culte et il vous cultive. Vous dites : c’est vrai, je rends culte à Dieu. Mais Dieu, de quelle manière nous cultive-t-il ? Écoutez ce qu’écrit l’apôtre Paul : Vous êtes le champ que Dieu cultive, la maison qu’il construit (1 Co 3,9). Et voici ce que dit le Seigneur : Je suis la vigne, vous êtes les sarments, mon Père est le vigneron (Jn 15,1.5). Dieu te cultive pour te faire porter fruit ; tu lui rends culte afin de porter fruit. Il est bon pour toi que Dieu te cultive; il est bon pour toi de rendre culte à Dieu. Si Dieu s’éloignait de l’homme, cessait de le cultiver, l’homme serait comme une terre délaissée, un désert. Si toi, tu cessais de rendre culte à Dieu, tu ferais de toi un désert. Dieu ne grandit pas si. tu viens à lui et ne diminue pas si tu t’éloignes. Dieu sera notre possession pour nous pitre comme un berger ; nous serons sa possession pour qu’il nous régisse, nous guide.

Heureux qui met en Dieu son espérance! Mais quel est le Dieu de celui que le psalmiste déclare heureux ? Le Dieu qui a fait le ciel et la terre et tout ce qu’ils renferment (V. 6). Qu’il est grand, notre Dieu ! Que son nom soit béni, car il a daigné faire de nous son champ, son domaine. Dieu, tu ne le vois pas et on ne peut aimer pleinement ce qu’on ne voit pas encore. Mais ce que tu vois, c’est ce qu’il a fait. Alors, pourquoi admirer le monde et ne pas admirer le créateur du monde ? Tu contemples le ciel et l’effroi te saisit ; tu embrasses en pensée la terre entière et tu en es bouleversé; comment pourrais-tu, même en pensée, te figurer l’immensité de la mer ? Considère la foule innombrable des étoiles ; vois la variété des semences, les différentes espèces d’animaux, tout ce qui nage dans les eaux, tout ce qui rampe sur terre, tout ce qui vole dans les airs, tous les astres qui tournent dans le ciel! Que toutes ces choses sont grandes! Elles sont belles, magnifiques, prodigieuses. Eh bien, celui qui a fait toutes ces choses, c’est ton Dieu. Mets en lui ton espérance, si tu veux être heureux. Heureux qui espère le Seigneur son Dieu. Lui qui a fait et le ciel et la terre et la mer et tout ce qu’ils renferment, il maintient toujours sa fidélité (V 5-6).

(Commentaire du Psaume 145, 11-12)

Oraison 

Dieu qui as fait le ciel et la terre, que ton nom soit béni. Nul ne t’a jamais vu, mais nous voyons la création et sa beauté nous bouleverse. Que ces merveilles nous ouvrent à toi, renforcent en nous l’espérance que tu nous veux heureux et en paix. Par Jésus ton Fils qui nous révèle ta fidélité et nous donne l’Esprit. Amen.

Texte : Une année avec Saint Augustin, Bayard, p. 216

Brigitte Naeye, Cathédrale Notre Dame de la Treille, Lille, 2023

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