Ce dimanche des Rameaux de l’année C, deux passages de l’Évangile de saint Luc nous sont offerts. Il s’agit de Lc 19, 28 – 40 et Lc 22, 14 – 23, 56. Ces deux récits nous invitent à contempler Jésus, de l’entrée à Jérusalem jusqu’à sa mort au Calvaire, avec des scènes contrastées.
Pour la procession des Rameaux, le récit de l’entrée à Jérusalem nous donne à voir un Jésus triomphal, accueilli et proclamé comme Roi, comme Messie. En effet, à son sujet, les gens se regroupent, étendent leurs manteaux sur le chemin et louent Dieu à pleine voix : « Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux ! »(Lc, 19, 38). Ils le reconnaissent et le proclament comme Roi, comme l’Oint venant du Seigneur. Nous pouvons imaginer l’entrée bien solennelle de Jésus dans la cité de David et la joie immense de ceux qui voient celui ayant accompli bien des miracles. Pourquoi cette joie ? Pourquoi cet accueil ? Sûrement parce que l’entrée de Jésus coïncide avec la venue du Messie attendu par le peuple.
Et Jésus est Roi. Il est le Messie. Toutefois il ne l’est pas comme les représentations ou imaginations de la foule. C’est ce que saint Luc nous livre dans ce passage 22, 14 – 23, 56 qui commence avec une gravité de ton : “Quand l’heure fut venue, Jésus prit place à table, et les Apôtres avec lui ». Il leur dit : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir !” (Lc 22, 14 – 15). Cette gravité de ton va s’alourdir au fur et à mesure avec la gravité des actes. Les gens, y compris ses disciples qui l’ont alors récemment reconnu et acclamé comme Celui venant au nom du Seigneur, vont bientôt, soit se taire, soit le trahir, soit le rejeter face à la condamnation à mort des autorités
Et Jésus va mourir de cette condamnation injuste.
A peine accueilli de manière triomphale comme Roi et Messie, Jésus est maintenant rejeté, condamné à mort !
Cependant, nous pouvons constater que dans ce parcours de l’entrée à Jérusalem à la mort sur le Calvaire, Jésus reste lui-même. Il vit sa mission. Il ne dépend ni de la foule qui l’acclame ni de celle qui le rejette.
Devant la conscience du poids de la croix et l’amour du Père pour l’humanité, Jésus choisit de vivre la volonté du Père : » Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. « (Lc 22, 42). Jésus choisit de sauver l’humanité en souffrance, même si cette humanité est en train de réclamer sa mort ! Et c’est justement cela la souffrance de l’humanité : l’ignorance et le rejet envers son Sauveur !
Et c’est dans ce drame que se manifeste l’amour infini de Dieu : un amour jusqu’au bout, un amour sans condition, même pour ses ennemis, pour ceux qui le mettent à mort. Un amour sans limite ! Avec le dimanche des Rameaux, nous commençons la Semaine Sainte, une semaine de haute signification pour nous, pour les chrétiens et pour l’humanité. Entrons dans cette semaine en marchant sur ce chemin d’amour avec Jésus.
Comme disciple de Jésus, nous sommes invités à suivre son chemin d’amour pour faire la volonté du Père, pour aimer nos frères et sœurs sans nous relâcher, sans attendre de retour … Jésus a vaincu la haine, la trahison et la mort pour donner la vie en abondance. A sa suite, ayons confiance dans l’amour du Père et ne nous décourageons pas quand nous sommes face au poids de nos croix : les maladies, les incompréhensions, les conflits … Continuons à marcher sur notre chemin. Continuons à vivre ce que le Seigneur nous invite à vivre avec amour, confiance et espérance. Cela portera sûrement du fruit car tout est utile pour ceux qui aiment Dieu ! Que la grâce du Seigneur nous accompagne et nous soutienne dans cette marche vers Pâques, vers la Vie !
Sr Anne Dung





Photos : Cathédrale Notre-Dame de la Treille à Lille, Brigitte NAEYE